Nous avons misé sur la qualité et la sécurité



Comment avez-vous débuté dans le transport et la logistique ?

Pascal Carrier : j’ai une formation financière : un diplôme d’études supérieures en comptabilité-gestion, option finance, confirmé par un DESS Administration des entreprises à l’IAE de Metz.

J’ai commencé ma carrière dans l’industrie automobile comme responsable logistique-approvisionnement dans une entreprise spécialisée dans l’assemblage d’autocars. Je suis ensuite devenu responsable logistique de production, puis de distribution et enfin de l’ensemble de la chaîne logistique dans une seconde entreprise. J’ai quitté ce groupe pour rentrer chez le prestataire logistique Faure & Machet, aujourd’hui FM Logistic. J’y ai dirigé une plate-forme logistique à Brumath, qui employait environ 450 personnes sur 30 000 m² et travaillait pour des clients prestigieux de l’agroalimentaire comme General Foods ou le groupe Mars. Je suis, à chaque fois, resté environ 7 ans en fonction dans mes postes.

Comment avez-vous créé le groupe GPC Logistics ?

P. C. : à la suite de ces expériences, j’ai souhaité poursuivre mon projet professionnel en reprenant une entreprise, Feidt Transports et Logistique à Molsheim, dont le dirigeant était décédé accidentellement. Je suis arrivé dans l’entreprise en 1999. En 2001, j’ai racheté 47 % des parts, puis 100 % en 2004. Nous avons développé l’entreprise et j’ai créé le groupe GPC Logistics pour chapeauter Feidt, puis Stralog que j’ai racheté par la suite. Basée à Troyes, cette entreprise était à l’époque 3 fois plus grosse que nous.

Ce rachat a permis de confirmer notre organisation car nous étions désormais présents sur l’ensemble de la chaîne logistique : entreposage, préparation de commandes, conditionnement à façon, mais également transport routier, overseas, etc. Nous intervenons sur toute la chaîne logistique, sur des formats spécifiques. Nous privilégions le sur-mesure en nous adaptant aux besoins de chaque client. Pour cela, nous disposons d’une grande plate-forme d’entrepôts de 24 000 m² à Troyes, ainsi que 7 000 m² de surface logistique en Alsace. Une partie est climatisée, pour répondre aux besoins de certains clients, notamment de l’agro-alimentaire.

Pourquoi reprendre une entreprise plutôt que la créer ?

P. C. : c’est toujours plus facile de démarrer d’un existant, même s’il faut ensuite le mettre à son image et que cela peut être long. Mais ça n’est pas évident aujourd’hui de créer une entreprise dans le transport routier, et même dans la logistique, car il faut des moyens très importants – camions, bâtiments… – et les retours sur investissements ne sont pas très élevés.

Comment a été accueilli votre projet lors de la reprise ?

P. C. : il y a toujours un doute qui s’installe chez les salariés, dans toute opération de reprise. C’est malheureusement souvent quand un patron part que les salariés se disent qu’il n’était pas si mal ! Quand je suis arrivé chez Feidt, ça faisait plus d’un an que le dirigeant était décédé et que plus personne n’était à la tête de l’entreprise. L’entreprise était en plein déclin, très peu de clients étaient restés fidèles et la rentabilité était très mauvaise. Dans ce contexte-là, rien n’est fait pour vous aider, au contraire. Quand l’entreprise n’a pas d’argent, que la rentabilité n’est pas bonne, tout le monde se braque, que ce soient les salariés ou les partenaires financiers. Il nous a fallu quasiment 2 ans pour redresser la situation : je suis arrivé à la fin de l’année 1999 et en 2001, l’entreprise a commencé à sortir du rouge.

Quelle a été votre stratégie pour redresser et développer l’entreprise ?

P. C. : venant de l’industrie, j’ai une éducation très axée sur la qualité et la sécurité. Ça n’était pas toujours le cas dans les transports. Il y a parfois des impasses qui sont faites par certains au niveau social et réglementaire. Mais pour moi, pour faire du résultat, il faut travailler correctement, en respectant le cahier des charges et dans la légalité. Chez FM Logistic déjà, comme j’étais l’un des premiers à venir de l’industrie, j’avais beaucoup œuvré dans le domaine de la qualité. Nous avons été la première plate-forme certifiée ISO 9002 en Europe en 1993. En 1997, nous avons décroché le prix français de la qualité, décerné par le ministère de l’Industrie et le Mouvement français pour la qualité (MFQ). C’était la première fois qu’un prestataire logistique l’obtenait.

Cela dit, quand on fait les choses correctement, c’est difficile de générer de la rentabilité aujourd’hui, surtout sur la partie transport routier. Or Feidt, c’était à 80/90 % du transport. Il a donc été très difficile de redresser la situation. Avec l’arrivée des transporteurs des pays de l’Est, qui proposent des tarifs défiant toute concurrence, nous avons perdu de nombreux marchés. Nous avons donc dû diviser le parc de camions par 3 et ne rester que sur les marchés rentables. Surtout, nous avons développé les services et la logistique, ce qui permet de compenser les pertes du transport routier. Et nous avons misé sur la qualité et la sécurité, ce qui nous a permis de nous différencier. Nous avons une bonne image auprès des clients, de prestataire rigoureux avec une importante qualité de services.

Quels sont vos projets de développement à court et moyen terme ?

P. C. : cela dépendra des opportunités qui se présenteront à nous. En logistique, il y a toujours une rotation des clients. Certaines entreprises sont en portefeuille pendant 3 à 5 ans, puis elles changent de partenaire parce que leur stratégie ou leur marché changent, parce qu’elles cherchent d’autres implantations… Ces évolutions font que nous sommes toujours en veille pour de nouveaux projets et appels d’offres.

Nous avons entamé cette année un grand chantier marketing. Car quand vous pensez logistique, vous pensez tout de suite à de grosses structures très connues. Or, à côté d’eux, il y a beaucoup d’acteurs de taille moyenne, comme nous, qui fonctionnent très bien et auxquels les clients ne pensent pas toujours. Nous avons donc lancé une campagne d’emailings et de communication dans la presse pour montrer que nous sommes présents. Nous avons aussi modernisé notre logo. Enfin, nous avons fait évoluer le nom du groupe, GPC Logistics plutôt que Logistique, pour donner une image plus internationale.

Est-ce que vous envisagez de racheter d’autres entreprises ?

P. C. : nous sommes toujours à l’affût d’opportunités nous permettant de consolider nos activités. Je pense notamment à l’overseas pour lequel cela peut être intéressant.

Fiche d’identité
Dénomination : GPC Logistics
Activités : transport et logistique
Chiffre d’affaires 2017 : 14 M€
Effectif : 120 salariés en CDI
Surface logistique : 31 000 m²
Parc de véhicules : 30

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