La Commission européenne met la pression sur la France et l’Italie pour la LGV Lyon-Turin



C’est l’enterrement d’un programme d’une vingtaine d’années que la Commission européenne essaie d’éviter. Alors que l’accord bilatéral entre la France et l’Italie de début 2017 devait relancer le projet, la construction de la LGV Lyon-Turin n’a jamais paru aussi compromise. Côté français, le plan transport du gouvernement donne la part belle à la rénovation et à l’entretien plutôt qu’aux nouvelles infrastructures. Mais il précise tout de même que « le gouvernement honorera ses engagements européens » pour la liaison ferroviaire Lyon-Turin. En revanche, côté italien, le nouveau gouvernement de coalition M5S-Ligue veut rediscuter intégralement le projet. La poursuite du chantier a été conditionnée aux résultats d’une étude coûts-bénéfices prévue pour novembre. Or, certains observateurs notent que la majorité des experts nommés pour réaliser cette évaluation est opposée à la LGV Lyon-Turin.

La Commission européenne a donc décidé de mettre la pression sur les deux pays. Le coordinateur européen chargé de développer le corridor ferroviaire le long de la Méditerranée, Jans Brinkhorst, a ainsi envoyé une lettre aux deux gouvernements, dont le contenu a été révélé par Les Echos. Il rappelle le caractère indispensable du projet – selon SNCF Réseau, le tunnel utilisé actuellement, en service depuis 1871, arrive à saturation. Une nouvelle infrastructure est nécessaire pour favoriser le report du fret vers le ferroviaire car elle permettrait de doubler le trafic.

Pour encourager la France et l’Italie à avancer, le coordinateur propose d’augmenter la part de l’Europe dans le financement, de 40 % à 50 %, soit une rallonge de 860 M€. Cela représenterait une économie de 360 M€ pour la France et de 500 M€ pour l’Italie. Surtout, il menace les deux pays de demander le remboursement partiel ou total des subventions déjà versées en cas d’arrêt, de suspension ou d’abandon du projet, soit plus de 1 Md€ (370 M€ pour la période 2007-2013 et 814 M€ pour 2014-2020). Reste à voir si cette méthode « de la carotte et du bâton » permettra de relancer le projet…

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