La cohésion est plus forte que la taille



Adhérent à Giphar depuis votre installation en 2003, vous en avez pris la présidence en septembre dernier. Qu’est-ce qui vous a poussé à prendre ces nouvelles fonctions ?

Jean-Baptiste de Coutures : j’ai effectivement une longue relation avec ce groupement, puisque j’ai initialement exercé en tant qu’adjoint dans une pharmacie Giphar ! Dès le début, j’ai souhaité adhérer à un réseau qui m’aide à réfléchir à l’avenir de la pharmacie. C’est le mode de fonctionnement très participatif et les valeurs coopératives qui m’ont séduit : la cohésion du groupement se crée au travers de son organisation locale, régionale et nationale, à laquelle s’ajoutent les commissions de travail, organisées sur les pôles d’activité majeurs de la pharmacie (offre, marketing, réseau, santé, informatique, R&D). Elles s’appuient sur le savoir-faire des collaborateurs de la coopérative Giphar Groupe, organe économique et logistique du groupement. On s’inscrit donc dans une logique ascendante, les initiatives opérationnelles viennent du terrain.

Que représente aujourd’hui Giphar au sein du réseau officinal ?

J.-B. de C. : nous réunissons actuellement 1 350 pharmacies et 1 750 pharmaciens titulaires, ce qui fait de nous la première enseigne de distribution française dans le secteur de la santé. J’emploie à dessein le terme « enseigne » car ce positionnement est au cœur de notre stratégie depuis bientôt 20 ans. Deux autres chiffres clés : le chiffre d’affaires cumulé des adhérents s’élève à 2,1 Mds€ et l’ensemble des équipes officinales représente environ 7 000 collaborateurs. Mais au-delà de ces chiffres, le vrai poids de Giphar se mesure avant tout par sa discipline interne. La force du réseau réside plus dans son fonctionnement que dans une typologie homogène de pharmacies.

Quelles sont ces règles qui fondent la discipline interne de Giphar ?

J.-B. de C. : elles tiennent aux obligations de mise en conformité avec la politique de l’enseigne : outil informatique commun à tous les membres, adoption des concepts d’aménagement intérieur et de façade, et obligation d’achats minimum auprès de la coopérative. Celle-ci est en quelque sorte le cœur du réacteur, au sens où elle nous permet de disposer d’une véritable force de frappe commerciale. Giphar Groupe, qui est à la fois dépositaire pharmaceutique et répartiteur, a réalisé un flux d’affaires de 540 M€ sur l’exercice 2016/2017, en croissance de près de 13 % par rapport au précédent exercice. Une performance qui s’explique à la fois par l’augmentation du nombre d’adhérents et par l’optimisation de nos achats.

Notre originalité réside dans cette intégration logistique que nous avons entamée depuis plusieurs années et que nous avons décidée de renforcer avec la construction d’une 3e plate-forme à côté d’Angers. Celle-ci permettra de compléter notre couverture géographique et de livrer quotidiennement les quelque 300 pharmacies Giphar de la région Ouest.

Au-delà de votre politique d’intégration logistique, qu’est-ce qui définit le positionnement de Giphar ?

J.-B. de C. : notre credo est de concilier les deux dimensions du métier de pharmacien, à savoir la dimension « acteur de santé publique » et celle de chef d’entreprise. Cette volonté se concrétise à travers le programme « Giphar Santé 360° ». 14 critères d’engagement ont été définis parmi lesquels l’assortiment en produits et la politique tarifaire définie par le bureau national, un montant minimum d’achats passant par la coopérative, le suivi de formations, la certification qualité et l’engagement de mettre en place des « opérations métier », c’est-à-dire des actions de prévention et de dépistage, des entretiens pharmaceutiques… L’objectif est que les officines labellisées « Giphar Santé 360° » deviennent leader sur leur zone de chalandise.

Début 2017, 76 pharmacies s’y sont engagées et nous sommes en train de lancer la 2e vague de recrutement pour l’année 2018.

Pouvez-vous nous en dire plus sur la partie « Services aux patients » de ce programme ?

J.-B. de C. : nous avons établi 5 priorités : le sevrage tabagique, la vaccination, le diabète, l’accompagnement du patient cancéreux et le maintien à domicile.

Nous encourageons vivement nos adhérents à réaliser un nombre minimum de dépistages et d’entretiens pharmaceutiques qui sont enregistrés dans « J’accompagne mes patients », une application web agréée HDS (hébergeur de données de santé) dédiée aux services santé du groupement.

Vous avez récemment annoncé une expérimentation lancée avec Malakoff Médéric dans les Hauts-de-France. Quel est son objectif ?

J.-B. de C. : nous allons proposer aux assurés de cette complémentaire des entretiens d’évaluation du risque cardiovasculaire. Malakoff Médéric adressera un courrier à ses assurés les informant de cette démarche et ceux qui souhaiteront en bénéficier pourront s’inscrire sur Internet auprès des pharmacies partenaires. Celles-ci seront rémunérées 18 € par entretien. Cette expérimentation, qui sera lancée début 2018, durera 3 mois. Elle nous permettra d’une part, de mieux cerner le potentiel des entretiens pharmaceutiques non conventionnels, et d’autre part d’évaluer l’intérêt du dispositif dans lequel le digital a une part prédominante.

Vous avez aussi annoncé un partenariat de 5 ans avec la société ABM Pharma et le lancement d’une marque propre dans le domaine du maintien à domicile (MAD).

J.-B. de C. : le maintien à domicile est l’un de nos axes stratégiques clés. Nous avons développé, il y a un an, une marque dédiée, Libeoz®. Elle intègre une offre globale de produits et services complémentaires, dont un catalogue de 700 références, un site internet, des bornes en pharmacie… Le rôle d’ABM Pharma est de gérer le back office et d’assurer la logistique. Nous travaillons en parallèle sur le label HS2® qui vise à favoriser le maintien à domicile des personnes âgées.

Un autre axe de développement réside dans votre marque propre.

J.-B. de C. : notre objectif est de proposer à terme une gamme de 200 références dans 7 domaines : compléments alimentaires, produits bébé, orthopédie, dermocosmétique, premiers soins, autodiagnostic et gamme blanche. Nous souhaitons proposer une marque à valeur ajoutée qui permette de fidéliser les clients.

Pour terminer, comment imaginez-vous l’avenir de la pharmacie d’officine ?

J.-B. de C. : je pense que les concepts d’enseigne vont progressivement s’affirmer et se différencier, si tant est que la réglementation relative à la communication des officines soit assouplie. Cette évolution réglementaire devient nécessaire.

Fiche d’identité
Dénomination : Pharmacien Giphar
Année de création : 1968
Chiffre d’affaires annuel : 2,1 Mds€, soit en moyenne 1,6 M€ par officine adhérente
Nombre d’adhérents : 1 350 en 2017 (+114 sur l’exercice 2016/2017)
Couverture géographique : nationale

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