Services et pharmacie clinique : les préconisations de l’Ordre national des pharmaciens



C’est pour aider les pharmaciens à prendre le virage des services et définir leur futur périmètre d’action que le Conseil national de l’Ordre des pharmaciens (CNOP) a travaillé plusieurs mois sur l’implication des officinaux en France et à l’étranger dans les trois principaux axes de la prévention : primaire (éducation et promotion de comportements favorables à la santé), secondaire (dépistage et prise en charge précoce des patients) et tertiaire (actions pour prévenir les complications et limiter la iatrogénie médicamenteuse). Il en ressort un rapport riche en exemples concrets, qui fait un tour d’horizon des services pouvant être mis en place en pharmacie. Une approche d’autant plus utile que le décret « Conseils et Prestations » du 3 octobre dernier ouvre enfin le champ des possibles en matière d’actions d’accompagnement des patients.

Parmi les 15 recommandations formulées par l’Ordre dans le domaine de la prévention primaire, citons la mise en place d’un entretien de prévention qui pourrait être proposé aux différents âges de la vie (25, 45 et 65 ans, en lien avec les rappels vaccinaux chez l’adulte), la protocolisation d’entretiens de sevrage tabagique et la possibilité de prescrire des substituts nicotiniques remboursables par l’Assurance maladie. D’autres propositions portent sur la lutte contre la sédentarité, la promotion d’une nutrition saine et l’amélioration de la couverture vaccinale (suivi via le DMP, proposition d’entretiens de vaccination, généralisation de la vaccination antigrippale à l’ensemble de la population adulte qui en fait la demande…). Dans le domaine de la prévention secondaire, l’Ordre propose de renforcer le rôle des pharmaciens dans le dépistage précoce des cancers (remise en pharmacie de kit de prélèvement pour le cancer colorectal), du diabète (tests capillaires d’évaluation de la glycémie en dehors des campagnes de santé publique) et de certaines maladies infectieuses grâce à la réalisation de TROD du VIH, du VHC et du VHB. Ils pourraient, par ailleurs, participer à la lutte contre l’antibiorésistance grâce au dépistage en officine des angines à streptocoque (pratique des TROD « angine » et prise en charge protocolisée avec la dispensation d’un traitement symptomatique en cas d’infection virale). Enfin, en matière de prévention tertiaire, plusieurs actions sont proposées : participer au repérage des personnes âgées en situation de fragilité (en lien avec le programme Paerpa), élargir le champ des entretiens pharmaceutiques à des pathologies chroniques (diabète) et aux patients suivant des traitements complexes (chimiothérapies anticancéreuses orales, antirétroviraux, biothérapies…), participer à la conciliation médicamenteuse et mettre en application le pharmacien correspondant. Enfin, dans le cadre de la lutte contre la iatrogénie, il est proposé de créer un observatoire des « interventions pharmaceutiques » qui permettrait de suivre les analyses des ordonnances et les dispensations de médicaments de PMF (prescription médicale obligatoire). Des propositions qui font le lien avec une deuxième contribution du CNOP sur le thème spécifique de la pharmacie clinique et la manière de mieux valoriser cette discipline à l’officine.

Ces préconisations sont reprises dans les réponses apportées fin novembre à l’Autorité de la concurrence dans le cadre de son enquête sectorielle sur le fonctionnement de la concurrence dans le secteur de la distribution pharmaceutique de ville. Sans surprise, la contribution de l’Ordre à cette enquête défend l’évolution de l’exercice officinal en faveur des services pharmaceutiques, tout en rejetant une éventuelle dérégulation (ouverture du capital et levée du monopole sur l’automédication).

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