Parapharmacie : Michel-Edouard Leclerc se lance dans la vente en ligne



Le leader de la grande distribution en France accélère son virage multicanal avec de nouvelles offres spécialisées en ligne. Après la création en 2013 de son site optique-leclerc.com dédié à la vente de lentilles de contact, Leclerc repart à l’offensive sur le marché de la e-parapharmacie avec, comme objectif, de conquérir de nouveaux consommateurs et de prendre des positions dans les zones de chalandise où il ne dispose pas de parapharmacies physiques(1), notamment dans les grands centres urbains. Une initiative qui prend appui sur le site de e-commerce Santessima, racheté en 2012 auprès de la société Eye’at. Et qui intervient au moment où la parapharmacie en ligne est en pleine ébullition. Car Leclerc, qui détient une part de 8 % sur le marché de la parapharmacie(2), est loin d’être le seul « poids lourd » à vouloir investir ce canal de distribution. L’année 2015 a, en effet, été marquée par plusieurs rachats (acquisition par le belge Newpharma des sites paraseller.fr et parafemina.com) et levée de fonds de plusieurs sites (pharmasimple et santediscount). Sans compter la concurrence frontale avec des places de marché comme 1001pharmacies et Amazon.

Sur un canal encore modeste - le marché de la e-parapharmacie est estimé à moins de 100 M€ de ventes annuelles - et déjà très concurrentiel, Leclerc se lance avec l’ambition de se différencier en proposant aussi bien la livraison à domicile que le click & collect avec un retrait possible des produits aux drive, dans les hypers ou les espaces para. Et en proposant une offre élargie aux produits dits « frontière », comme certaines vitamines, des produits désinfectants, des pansements, des compléments alimentaires, des autotests de glycémie... Une diversification qui risque fort de relancer les hostilités avec la profession officinale. Car il ne fait aucun doute que Michel-Edouard Leclerc garde en ligne de mire le marché des médicaments d’automédication, dont il conteste le monopole officinal depuis... 1986.

L’enjeu pour Michel-Edouard Leclerc est double. Réussir le lancement de ce nouveau site lui permettra de pousser les feux dans le domaine de la santé, qu’il considère comme un secteur stratégique. Il marque, par ailleurs, une étape clé dans la nouvelle stratégie multicanal du groupe, l’ambition affichée étant que le digital représente 10 % du chiffre d’affaires du groupement d’ici 2020, contre 6 % à l’heure actuelle. Leclerc entend bien ne pas reproduire l’erreur commise par le leader mondial du commerce, l’américain Wal-Mart, qui a minimisé la concurrence d’Amazon... et se voit aujourd’hui contraint de fermer près de 270 magasins et supprimer 16 000 postes.


(1) 224 points de vente fin 2015.


(2) Part de marché en valeur, hors ventes Internet.

© Les Echos Publishing - 2015