L’impact du changement climatique sur les dépenses de santé



L’accord de Paris du 12 décembre dernier se veut historique. Signé par les représentants des 195 Etats ayant participé à la COP21, son ambition est de maintenir la hausse de la température moyenne globale en deçà du seuil des +2° C, et si possible aux alentours de +1,5 ° C(1).

Sur le plan de la santé publique, les enjeux de cet accord sont majeurs. Sans inflexion significative des dérèglements climatiques actuellement observés, les conséquences à l’horizon 2050 des effets environnementaux sur la mortalité des populations seraient particulièrement élevées. En effet, selon les estimations de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), le dégel du Permafrost(2) et l’extension des zones de sécheresse vont accroître le développement de nombreuses maladies : asthme et allergies (lié à la concentration accrue de pollen), maladies cardio-vasculaires (impact de l’augmentation de l’ozone dans l’air), infections parasitaires (prolifération d’insectes et de gastéropodes vecteurs de maladies mortelles), cancers (notamment le mélanome cutanée lié au rayonnement solaire), apparition de nouveaux virus(3)... Sans compter les risques accrus de transmission des maladies liés aux déplacements des populations fuyant les conséquences climatiques, ainsi que les conséquences des inondations qui vont provoquer une augmentation des maladies hydriques (paludisme notamment) et des épidémies de choléra.

Au total, entre 2030 et 2050, l’Organisation Mondiale de la Santé estime à 7 millions le nombre de décès prématurés liés aux changements climatiques. Les coûts relatifs aux dommages directs sur la santé s’élèveraient chaque année entre 2 et 4 milliards d’euros d’ici à 2030. De nouveaux défis, tant pour les autorités de santé que pour les médecins et les assureurs : adaptation des organisations de soins, renforcement des programmes de prévention, financement de nouvelles dépenses, augmentation des sinistres liée aux catastrophes naturelles... Pour les systèmes de santé, le changement climatique apparaît d’ores et déjà comme l’enjeu essentiel du 21e siècle.


(1) Augmentation par rapport au niveau de température de l’ère préindustrielle.


(2) Sols gelés des régions arctiques qui sous l’effet du réchauffement climatique, libère de grandes quantités de carbone et de méthane. Leur dégel libérerait des tonnes de gaz à effet de serre (GES).


(3) A titre d’exemple, la propagation du virus Ebola en Afrique serait liée à la déforestation massive au Liberia.

© Les Echos Publishing - 2015