Légère reprise des cessions de pharmacies en 2015



Après trois années de baisses continues, les mutations de pharmacies reprennent quelques couleurs, selon les estimations d’Interfimo. Avec 1 400 opérations enregistrées sur l’année 2015, les transactions(1) ont progressé de 3 % par rapport à 2014. Une augmentation qui masque toutefois de fortes disparités selon le profil des officines (taille et zone de chalandise) et leur localisation régionale. En effet, si le nombre de mutations augmente sensiblement dans trois régions (IÎe-de-France, Pays de la Loire et Bretagne), il baisse en revanche en Normandie, dans le Grand-Est et en région Centre.

Le regain, même s’il est léger, qui semble se confirmer sur 2016 (+16 % au premier trimestre), s’explique essentiellement par l’évolution démographique de la profession officinale. En effet, l’âge moyen des titulaires est aujourd’hui de 50 ans et en dix ans, les effectifs des titulaires de 56 à 65 ans ont augmenté de 65 %. L’impact de la réforme des retraites de 2010 commence ainsi à s’estomper et le nombre de cessations d’activité s’inscrit à un niveau toujours élevé. Le marché bénéficie par ailleurs d’un double effet concomitant : d’une part la baisse des taux d’emprunt qui créent des conditions très favorables à l’endettement et donc à l’achat d’officine, et d’autre part l’érosion des prix de cession, dont la moyenne s’établit désormais à 6,2 x l’EBE, soit une baisse de 0,3 point par rapport à 2014 et de 2,5 points par rapport à 2008.

Face à la vague inéluctable des cessions à court-moyen terme, les modalités de valorisation et de cession des pharmacies constituent un enjeu important. Si l’on prend comme référence une valeur moyenne de cession de 1,2 million d’euros (76 % du CA moyen d’une officine au niveau national), un repreneur peut aujourd’hui emprunter un peu plus d’un million d’euros, à condition qu’il ait un apport personnel de 200 000 €... une somme dont la majorité des adjoints et des jeunes diplômés ne dispose pas. Ce qui explique la complexité croissante des montages financiers (réduction de capital, création de SPFPL, émission d’emprunt obligataire par une SELAS...), destinés à fluidifier la sortie des « anciens » et faciliter l’intégration des jeunes titulaires. À ce titre, la dernière loi de santé, promulguée fin 2015, a ouvert des pistes intéressantes pour répondre à ces objectifs : la suppression des 5 % de détention personnelle dans les SEL (qui permet la généralisation des schémas d’intégration fiscale), la possibilité donnée aux adjoints de détenir jusqu’à 10 % du capital, et la simplification attendue des transferts et des regroupements(2). Des évolutions qui offrent de nouvelles solutions aux jeunes pharmaciens acquéreurs qui manquent de fonds propres.


(1) Cessions de fonds et apports en sociétés.


(2) Ce point fait actuellement l’objet d’une étude de l’IGAS dont les recommandations sont attendues d’ici fin 2016.


Conférence d’Interfimo, organisée le 4 avril 2016 en partenariat avec l’OCP

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