Le marché et la distribution des audioprothèses dans le viseur de l’Autorité de la concurrence



L’organisation du marché des prothèses auditives est depuis trois ans régulièrement remise en question. En septembre dernier, une enquête réalisée par UFC-Que Choisir a dénoncé certains dysfonctionnements qui expliqueraient en partie le sous-équipement des Français en audioprothèses et le niveau élevé des prix des appareils. Un diagnostic déjà partagé par l’IGAS et la Cour des Comptes dans leur rapport respectif de 2013.

Sur une population de 5 à 6 millions de malentendants appareillables, moins d’un tiers serait équipé (contre 41 % au Royaume-Uni par exemple). Trois principales raisons expliquent ce sous-équipement : les freins psychologiques (stigmatisation, esthétique...), le faible niveau de remboursement par l’Assurance maladie et les prix de vente élevés des prothèses, de l’ordre de 950 euros pour les appareils « entrée de gamme » à 1 850 euros pour le « haut de gamme ». Le coût d’équipement pour deux oreilles s’établit ainsi en moyenne à 3 100 euros... Un niveau sensiblement supérieur à ceux observés dans les autres pays européens et qui entraîne un reste à charge important pour les patients (1 100 euros par oreille en moyenne).

L’Autorité de la concurrence vient de se saisir d’office (c’est-à-dire à sa propre initiative) pour auditer l’organisation de la filière et comprendre les mécanismes de la concurrence sur ce marché de quelque 927 millions d’euros, qui progresse à un rythme soutenu depuis plusieurs années (+5 à 6% par an depuis 2005).

Son analyse va se centrer sur cinq points : l’état de la concurrence entre fabricants, le numerus clausus et la marge réalisée par les audioprothésistes, l’information des consommateurs et l’organisation des circuits de distribution. On dénombre environ 3 100 audioprothésistes, 70 % exerçant au sein de groupes spécialisés sous enseigne (Audika, Amplifon...) contre 30 % d’indépendants organisés en commerce associé (Audio 2000, Audition E. Leclerc...). Un nombre jugé actuellement insuffisant pour répondre aux besoins croissants de la population française.

Les premières préconisations de l’Autorité de la concurrence sont attendues au début de l’été, et ses conclusions définitives devraient être rendues en fin d’année.

© Les Echos Publishing - 2015