GrandVision va proposer dans ses magasins la visio-consultation ophtalmologique



Portée par son admission récente au remboursement, l’offre de téléconsultation se développe rapidement. Pas une semaine sans qu’un nouveau service soit lancé (Hello Consult, Livi, Doctolib, Médecin Direct…) et que des alliances inédites se forment, à l’instar de celle entre l’assureur Axa et la région Hauts-de-France. C’est au tour du groupe d’optique GrandVision de se lancer, en partenariat avec Althalia, société spécialisée dans le coaching santé et les programmes de prévention et bien-être. Objectif : proposer dans les magasins affiliés à l’enseigne GrandOptical un service de visio-consultation permettant de mettre en relation patients et ophtalmologistes, à partir d’un protocole respectant les dispositions de l’arrêté du 13 novembre 2017 (zones A et B de déploiement, agrément et formation obligatoire des professionnels de santé). Concrètement, le patient se connecte à la plate-forme www.Pro-Visio.fr et remplit un questionnaire médical, lequel permet à l’ophtalmologiste de valider son éligibilité au dispositif, en fonction de son âge et de sa pathologie. Il choisit ensuite un point de vente habilité qui a installé un espace destiné à ce service. L’opticien assiste à la prise des mesures et aux examens de la téléconsultation.

Répondre à l’allongement des délais de consultation et à la baisse du nombre d’ophtalmologistes

Avec ce nouveau service, GrandVision souhaite s’inscrire dans le développement attendu de la télémédecine, l’une des solutions soutenues par le gouvernement pour garantir un égal accès aux soins et pallier la désertification médicale dans un certain nombre de territoires. La baisse du nombre d’ophtalmologistes depuis le milieu des années 2000 (-5,7 % entre 2007 et 2017) s’accompagne d’un déséquilibre important dans la répartition géographique de ces médecins. La densité départementale des ophtalmologistes libéraux ou en exercice mixte varie ainsi de 2,1 pour 100 000 habitants en Haute-Saône à 21 pour 100 000 habitants à Paris, selon le dernier rapport de la Cour des Comptes... Et ces disparités se sont aggravées au cours de ces dernières années puisque le nombre de départements comptant moins de 10 ophtalmologistes pour 100 000 habitants est passé de 42 en 2000 à 45 en 2017 (ex. : la Seine-Saint-Denis, le Pas-de-Calais, la Seine-et-Marne, la Moselle…). Conséquence : les délais d’attente pour une consultation chez un ophtalmologiste sont les plus élevés de toutes les spécialités médicales. 80 jours en moyenne, selon les estimations récentes de la Drees, contre 61 jours pour un dermatologue et 50 jours pour un cardiologue.

À noter que GrandVision n’est pas le premier groupe d’optique à se lancer sur le marché de la téléconsultation. Depuis avril dernier, Krys Group teste un service de télé-ophtalmologie en partenariat avec la société MédecinDirect, sur un modèle toutefois un peu différent puisque le protocole de cette expérimentation prévoit que les opticiens et les orthoptistes puissent réaliser certains examens de la vue et télétransmettent leurs résultats à des ophtalmologistes membres d’un réseau de télémédecine. Reste que cette diversification des opticiens vers la téléconsultation n’est pas du goût de tous les professionnels de santé. Le syndicat national des ophtalmologistes de France (SNOF) a réagi à l’annonce du partenariat GrandVision-Althalia, considérant que celui-ci « pose de graves problèmes déontologiques » pour la profession dans la mesure où il place les opticiens en situation de compérage avec les médecins. Ce à quoi GrandVision répond que les patients bénéficiant d’une téléconsultation dans les locaux de ses magasins ne sont aucunement obligés d’y acheter leur équipement. Cette divergence de point de vue n’est pas la seule à s’exprimer parmi les professionnels de santé qui sont invités à développer des coopérations interprofessionnelles (médecins généralistes, pharmaciens, infirmières en pratiques avancées…). Le gouvernement et les représentants ordinaux des professions concernées devront rapidement trancher cette question et faire évoluer en conséquence leur code de déontologie respectif.

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