Diversification et communication : les nouveaux horizons de la pharmacie d’officine ?



660 millions d’euros, c’est l’objectif minimum d’économies que se fixe l’Assurance maladie pour 2017 au titre de la maîtrise médicalisée et du développement des génériques et des biosimilaires. Sans surprise, les ventes à l’officine de médicaments remboursables vont donc continuer à baisser en 2017, renforçant la nécessité pour les pharmaciens de poursuivre la diversification de leurs activités. Dans cette perspective, la décision que vient de rendre le Conseil d’État est une bonne nouvelle : après une longue bataille juridique, les officines obtiennent le droit de commercialiser les appareils auditifs préréglés de faible puissance(1), droit que leur contestent les audioprothésistes depuis 2010. S’ouvre ainsi aux pharmaciens un marché potentiel de 500 à 900 millions d’euros, selon les hypothèses de taux d’équipement de la population concernée.

Autre levier de croissance, les entretiens pharmaceutiques rémunérés, avec la publication au Journal Officiel du 28 juin 2016 de l’avenant permettant d’étendre ces entretiens à de « nouveaux » patients jusqu’alors non inclus dans les dispositifs conventionnels d’accompagnement : les patients sous anticoagulants oraux par voie directe (AOD) et l’ensemble des asthmatiques sous traitement, quel que soit le niveau de contrôle de leurs symptômes. Une extension qui conforte la dimension « professionnelle de soins primaires » des pharmaciens, dimension à nouveau défendue fin juin par les représentants syndicaux de la profession devant les auditeurs de la Cour des Comptes.

Un autre chantier vient de s’ouvrir, nettement plus « clivant » : celui du droit à la communication et à la publicité, pour lequel on attend dans les jours qui viennent les préconisations du Conseil national de l’Ordre des pharmaciens, qui semble prêt à quelques ouvertures et à une évolution du Code de la Santé publique. Ce droit à la communication et à la publicité n’est pas sans rapport avec l’extension des activités du pharmacien. Car plus l’exercice officinal s’étend à de nouveaux services, sources de tensions avec les autres professionnels de santé (généralistes, ophtalmologistes, opticiens, audioprothésistes...) et à des marchés concurrentiels (optique correctrice, assistants auditifs, objets connectés...), plus les pharmaciens vont devoir communiquer, informer, rassurer... Face à cette obligation, la question du droit à la communication peut-elle encore se poser ?


(1) Dispositifs médicaux appelés aussi assistants d’écoute, commercialisés aux alentours de 300 euros.


Consulter la décision du Conseil d’État

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