Difficultés financières des pharmacies d’officine



Le bilan démographique intermédiaire publié mi-2015 par le Conseil national de l’Ordre des Pharmaciens fait état d’une accélération du rythme de fermeture des officines : 99 sur les six premiers mois de l’année, contre 123 sur l’ensemble de l’année 2014. En dix ans, le nombre de pharmacies a reculé de 4 %, passant l’année dernière sous la barre des 21 800 points de vente. Mais, les fermetures avec indemnisation représentent, quant à elles, 31 % des cas, suivies des regroupements volontaires (17 %). Les cas de liquidation judiciaire restent encore limités, à 9 % du nombre total des fermetures. Les dernières estimations réalisées par Interfimo faisait état, pour l’année 2014, de « seulement » 29 procédures de sauvegarde, 66 liquidations et 76 redressements judiciaires. La plupart des fermetures résultant de départs à la retraite de pharmaciens n’ayant pas trouvé de repreneur.

Si le taux de sinistralité du réseau officinal reste donc relativement faible, comparé aux autres secteurs des TPE-PME, l’évolution de la cotation Banque de France indique une augmentation régulière des plus mauvaises notes, qui sont passées de 40 % en 2005 à 45 % en 2014. Tandis que la part des meilleures cotations a reculé de 10 points sur la même période (de 29 % à 19 %). Les difficultés financières rencontrées par les officines répondent à des causes multiples. La principale réside dans leur surendettement, lié à un prix d’achat trop élevé et/ou un manque de capitaux propres. Selon les estimations d’Interfimo, 15 % des cessions d’officines sont valorisées à un prix supérieur à 8,5 fois l’EBE (excédent brut d’exploitation), alors que la moyenne est actuellement de 6,5. Autre cause largement évoquée : des erreurs commises dans la stratégie de l’officine (mauvaise politique d’achat, erreurs dans le référencement des produits, part trop importante des achats directs...), conduisant à une dilution de la marge commerciale qui ne permet pas de couvrir les charges d’exploitation. Cette situation concerne notamment les « grosses » officines ayant un chiffre d’affaires certes élevé, mais des charges de personnel importantes, ou celles ouvertes 7 jours sur 7. Enfin, autre cause évoquée de plus en plus souvent par les titulaires : le renforcement de la concurrence et l’agressivité commerciale de certaines officines, en particulier de celles adhérant à des concepts low cost, et qui pratiquent des politiques de prix bas sur les produits hors monopole et l’automédication.

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