Baisse inédite de la consommation d’optique médicale en 2017



Diffusés par la Drees dans le cadre de sa publication annuelle sur les Comptes de la santé, les chiffres 2017 de la consommation d’optique médicale marquent un tournant important sur un marché dont la croissance a été longtemps dynamique et supérieure à la plupart des autres dépenses de santé. Entre 2008 et 2012, ce marché a, en effet, progressé de 4,6 % par an, porté par des effets volume et prix positifs. Les années 2013 et 2014 ont sonné le glas de cette belle dynamique, avec le développement des réseaux d’opticiens conventionnés, la légalisation de la vente en ligne (par la loi Hamon de mars 2014) et l’arrivée de nouvelles offres aux prix réduits. À ces facteurs déflationnistes, s’est rajoutée, en 2015, la réforme des contrats dits responsables qui a accentué le ralentissement du marché (plafonnement des remboursements à une fois tous les 2 ans). Mais le décrochage observé en 2017 est inédit depuis 15 ans : les volumes ont reculé de 0,6 % et les prix sont demeurés stables. Ces deux effets cumulés expliquent la baisse globale de 0,7 % constatée par rapport à 2016.

Une tendance qui pourrait perdurer dans les années à venir

Les facteurs qui expliquent cette décroissance constituent aujourd’hui des fondamentaux de l’optique médicale. La place des réseaux conventionnés progresse régulièrement et la vente en ligne, même si elle demeure marginale, introduit une concurrence par les prix qui se répercute sur l’ensemble du marché. Sans compter la « révolution » à venir du « reste à charge zéro » (RAC 0), qui va notamment abaisser le plafond de remboursement des montures de 150 à 100 €. Les perspectives du marché vont à l’avenir dépendre de la part relative de la population qui se tournera vers les offres « RAC 0 ». En la matière, les estimations divergent. Si l’Assurance maladie estime cette part à environ 30 %, certaines plates-formes de services comme Carte Blanche l’estiment à seulement 10 % de leurs assurés. Autre facteur d’incertitude : l’effet d’aubaine que pourrait provoquer la promesse électorale d’Emmanuel Macron. L’offre RAC 0 pourrait, en effet, permettre un afflux de nouveaux acheteurs chez les opticiens. Des professionnels qui s’attendent, en revanche, à une baisse quasi-certaine de leur chiffre d’affaires sur les montures (-160 M€ selon Carte Blanche) et qui espèrent que cette perte pourra être partiellement compensée par l’octroi des nouvelles rémunérations liées aux examens de réfraction dans le cadre des renouvellements de lunettes.

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