Nous supprimons les coûts inutiles à la valeur d’usage du produit



Quel est votre parcours et comment est née l’enseigne Écomiam ?

Daniel Sauvaget : mon parcours est celui d’un industriel de l’agroalimentaire. Je dirigeais Tilly-Sabco, une société d’abattage et de commercialisation de poulets surgelés qui a dû faire face à la baisse programmée des subventions européennes. La création d’un réseau de distribution a alors été motivée par la nécessité de trouver de nouveaux débouchés à mon activité d’abattoir. L’aventure Écomiam a ainsi démarré en 2009 sur le port de commerce de Brest avec les premières ventes directes de poulets surgelés en gros. Nous sommes ensuite partis à la conquête des territoires bretons avec des camions itinérants, tout en étoffant notre gamme de produits. En 2011, nous avons ouvert notre premier magasin test au Relec Kerhuon, près de Brest. Même si je n’ai pu maintenir mon outil industriel et dû fermer l’abattoir, j’ai décidé de poursuivre l’aventure avec mon fils Antoine, aujourd’hui dirigeant de l’entreprise. L’enseigne compte désormais 10 magasins implantés en Bretagne et en Pays de la Loire.

Quelles sont les spécificités de votre concept et de votre offre ?

D. S. : Écomiam est un réseau de distribution de produits surgelés issus exclusivement des filières de production françaises. Pour permettre une juste rémunération de la filière de production et être compétitif en termes de prix sans renier sur la qualité, nous avons imaginé notre réseau dans une démarche d’économie simplifiée. Nous avons donc expurgé tous les coûts qui ne sont pas nécessaires à la valeur d’usage des produits. Nous proposons des produits du quotidien : viandes, produits de la mer, légumes, fruits… La multiplicité des références générant des coûts supplémentaires, notre gamme est volontairement assez courte, de 200 références environ. Et nos produits sont présentés le plus simplement possible, sans packaging sophistiqué. Sur les emballages figurent uniquement le lieu de provenance et de transformation du produit, ainsi que la répartition du prix entre le producteur, le distributeur et l’État. Par ailleurs, nous nous distinguons des pratiques habituelles des grandes surfaces alimentaires en ne faisant ni publicité, ni promotions, ce qui nous permet de proposer des produits de qualité à prix bas et stables tout au long de l’année.

Comment sélectionnez-vous vos fournisseurs ?

D. S. : nous nous approvisionnons exclusivement auprès de filières de production françaises. Nous travaillons avec une trentaine de fournisseurs dont la majorité sont des PME qui nous accompagnent depuis le début. Chez Écomiam, pas de marges arrières, nous ne demandons à nos fournisseurs rien d’autre que le prix net auquel ils peuvent nous fournir le produit, un prix que nous essayons de maintenir le plus stable possible dans le temps pour qu’ils puissent faire progresser leurs capacités de production, investir sereinement dans leurs outils. Nous sommes, dans nos relations avec les industriels, là aussi, en rupture avec les pratiques de la grande distribution.

Quelles sont vos perspectives de développement ?

D. S. : nous anticipons de doubler la taille de notre réseau d’ici 2021 et venons pour cela de lever 1 M€. Nous avons ainsi prévu de dépasser les 20 M€ de chiffres d’affaires en 2021, contre 8 M€ réalisés en 2016. Nous allons ouvrir rapidement 4 ou 5 nouveaux points de vente et venons de faire évoluer notre concept avec un nouveau logo et une nouvelle base line, « le village du surgelé », qui traduit les valeurs portées par l’enseigne : confiance, proximité, qualité et simplicité. L’aménagement de nos points de vente a également été revu avec, entre autres, un nouveau parcours d’achat.

Souhaitez-vous vous ouvrir à la franchise ?

D. S. : nous testons actuellement ce mode de développement dans le cadre de la micro-franchise. En complément de notre réseau actuel, nous avons en effet imaginé un concept de petits magasins de proximité exploités en micro-franchise sur des territoires aujourd’hui défavorisés en termes d’implantation commerciale. Le premier magasin pilote est prévu pour octobre, et sera animé par Sylvain Brunetti, responsable du point de vente de Saint-Brieuc. En cas de succès, nous imaginons déjà qu’entre 7 et 10 micro-franchisés pourraient être satellisés à chaque magasin existant. En parallèle, nous testons également un concept de magasins associés, c’est-à-dire des entrepreneurs qui vont co-investir avec nous dans nos nouveaux points de vente. Cela nous permet d’accélérer notre développement, tout en préservant la culture atypique et le caractère alternatif de notre réseau.

Vous proposez une gestion managériale innovante. Pouvez-vous nous en dire plus ?

D. S. : c’est, en effet, l’un des points fondamentaux de notre stratégie, car nous avons toujours souhaité que cette entreprise soit la plus collaborative possible. Nous avons donc renversé la pyramide managériale pour que le management soit au service des équipes terrains et non l’inverse. Chez Écomiam, il n’y a donc pas de hiérarchie et pas d’e-mail non plus ! Nous avons mis en place un réseau social interne car nous partons du principe que tous les sujets de l’entreprise doivent être partagés. Cela génère un degré d’implication incroyable de l’ensemble des équipes sur les problématiques des plus opérationnelles au plus stratégiques. Et c’est ce collectif, au cœur de notre stratégie, qui nous permet d’être agile, réactif et d’innover sans cesse.

Comment envisagez-vous l’avenir ?

D. S. : très sereinement. Nous sommes paysans d’origine et nous avons l’habitude de labourer notre champ avant de nous lancer dans une course à la taille. Mais, fort du succès de notre modèle de distribution alternatif, Écomiam a, très clairement, vocation à devenir une enseigne nationale. Nous démontrerons ainsi que l’offre française, dès lors qu’elle n’est pas polluée par des coûts qui ne servent pas la valeur d’usage des produits, peut être compétitive, tout en préservant une juste rémunération des producteurs.

Fiche d’identité
Dénomination : Écomiam
Activité : réseau de distribution de produits surgelés français
Chiffre d’affaires : 8 M€ en 2016 (objectif 2021 : 20 M€)
Effectif : 25 salariés

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