Nous avons toujours investi pour moderniser notre hôtel



Quel a été votre parcours d’entrepreneur ?

Jérôme Courbet : je suis diplômé de l’école hôtelière et j’ai 30 ans de carrière dans l’hôtellerie. Ces trente années, je les ai passées au sein de l’hôtel Dormy House où j’ai gravi les échelons. J’ai démarré avec un emploi saisonnier en tant que réceptionniste, puis je suis devenu salarié. J’y ai rencontré mon futur associé qui était chef de cuisine. L’hôtel a été mis en liquidation judiciaire par son propriétaire en 1993. Mon collègue et moi avons monté un dossier pour faire au liquidateur une proposition de rachat de l’établissement qui a été acceptée après une année de négociation. Nous avons réouvert en 1994 en tant que nouveaux propriétaires et exploitants de l’hôtel. Mon associé est décédé il y a 18 mois et je continue l’aventure avec ma fille et celle de mon associé.

Parlez-nous de votre hôtel et de ses caractéristiques ?

J. C. : Dormy House est une ancienne villa construite en 1860, aménagée en hôtel en 1955.

L’atout majeur de notre établissement réside dans son emplacement exceptionnel dans un site classé. Situé sur la falaise, au calme, dans un parc de 4 hectares, il surplombe la mer et le village d’Étretat. Hôtel de charme et restaurant, il est reconnu comme l’un des fleurons des établissements du littoral cauchois. 75 % des chambres disposent d’une vue sur la mer. L’hôtel abrite 58 chambres et 3 suites, un restaurant gastronomique panoramique, un salon de détente, un bar et sa terrasse ouverte sur la mer, des salles de séminaires et de réceptions. Il offre également un accès direct à la plage et au parcours de golf de 18 trous.

Quel est le profil de votre clientèle ?

J. C. : notre clientèle est composée à 75 % de touristes et à 25 % d’une clientèle d’affaires qui vient pour des séminaires. Côté clientèle de loisirs, nous accueillons 60 % de touristes français, essentiellement en provenance de la région parisienne, puisque nous ne sommes qu’à 2 heures seulement de Paris, et 40 % d’étrangers, en provenance principalement de Belgique, d’Allemagne et de la Grande-Bretagne. Nous attirons une clientèle de golfeurs également, car nous sommes limitrophes avec le golf. La clientèle d’habitués s’élève à environ 35 %, certains viennent même depuis 30 ans ! Nous drainons aussi une clientèle business en provenance du Havre, qui se situe à seulement 30 kilomètres de notre commune, avec une surreprésentation des secteurs pétrochimique, pharmaceutique et bancaire.

Quel est le poids de l’investissement dans votre activité ?

J. C. : il faut sans cesse investir dans le secteur de l’hôtellerie. D’abord, pour être en conformité avec les normes de sécurité et d’accessibilité. Mais aussi, pour répondre à une exigence croissante des clients en termes de confort et de services. Dans le même temps, la clientèle ne souhaite pas voir la note s’alourdir. Donc il faut bien maîtriser ses coûts pour ne pas voir nos marges se dégrader.

Chez Dormy House, nous n’avons jamais cessé d’investir pour nous moderniser et mettre à niveau notre établissement. Depuis 30 ans que je suis à l’hôtel, tous les hivers, il y a eu des travaux soit de rénovation, soit d’augmentation de la capacité hôtelière. L’hiver 2016-2017 a été particulièrement lourd, puisque nous avons consacré 550 000 € à la rénovation totale d’un de nos trois bâtiments La Villa.

Quels sont vos projets de développement ?

J. C. : nous avons un projet pour un spa et si cela n’avait tenu qu’à nous, cela ferait longtemps qu’il aurait été construit. Nous en sommes à notre troisième projet et nous sommes confrontés à une autorisation administrative difficile à obtenir en raison de notre emplacement sur un site classé.

Mais j’ai bon espoir que ce troisième projet sera le bon ! Il nous permettra de procéder à une nouvelle augmentation de notre capacité hôtelière, mais aussi d’améliorer notre fréquentation en période creuse. Si nous obtenons le permis de construire prochainement, nous envisageons le commencement des travaux à partir de septembre 2018 pour une ouverture en 2019. Ce projet représente un investissement de 1,5 million d’euros. Les travaux de rénovation déjà effectués et la construction de l’ensemble spa nous permettraient d’envisager une montée en gamme et de passer à 4 étoiles.

Dans un contexte difficile pour le secteur de l’hôtellerie, comment s’en sort Dormy House ?

J. C. : nous résistons plutôt bien dans un contexte difficile pour l’hôtellerie indépendante, qui a enregistré un recul de son chiffre d’affaires de 4,5 % en 2016. Notre clientèle de touristes étrangers, essentiellement européenne, continue à venir chez nous. Et sur Étretat, nous ne ressentons pas vraiment la concurrence des plates-formes collaboratives. Nous avons réalisé un chiffre d’affaires de 4 millions d’euros en 2016. Celui-ci a enregistré un recul de 1,5 % en 2016, après une très bonne année 2015 où notre activité avait progressé de 2,5 %. Et nous restons confiants pour 2017, compte tenu des réservations en cours.

Quelles sont vos priorités stratégiques ?

J. C. : l’optimisation du taux d’occupation en période creuse est un premier défi majeur pour nous. Entre avril et septembre, nous faisons le plein avec un taux d’occupation de 95 %, grâce à notre emplacement privilégié. Le seul moment où nous recherchons de la clientèle supplémentaire, c’est sur la période d’hiver. En hors saison, nous faisons donc des offres promotionnelles. Par ailleurs, nous pensons que le spa nous permettrait d’améliorer significativement le remplissage en période hors saison.

Nous cherchons aussi à intégrer le digital dans notre stratégie à notre échelle, notamment en travaillant le référencement. La réservation en ligne monte en puissance dans notre activité et représente désormais 30 % de nos réservations. Elle se fait à 55 % via notre site et 45 % via les OTA comme Booking. Nous avons complètement refait, il y a 2 ans, notre site qui est désormais beaucoup plus ergonomique. Nous savons que le bon référencement de notre site sur internet est incontournable pour améliorer notre visibilité.

Comment envisagez-vous l’avenir ?

J. C. : sereinement. Avec mon associé, nous avions anticipé l’avenir très tôt. À l’approche de la cinquantaine et après 15 années passées à la tête de notre hôtel, l’affaire était florissante et il nous a semblé important de nous poser la question de la transmission éventuelle de notre entreprise à nos enfants. Ma fille Joëlle, ainsi que Laure, la fille de mon associé, se sont portées volontaires. En 2012, nous les avons fait rentrer dans l’exploitation et désormais, nous pilotons la gestion de l’hôtel à trois.

Fiche d’identité
Dénomination : Dormy House
Activité : hôtel indépendant 3 étoiles
Lieu : Étretat (76)
Chiffre d’affaires : 4 millions d’euros en 2016
Effectif : 35 personnes (46 en saison)

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